Comment comprendre le silence des deux évangélistes au sujet de l'ascendance davidique de la Mère de Jésus ? Ne doit-on pas envisager que Marie est aussi, au moins en partie, de la tribu de Lévi, voire elle-même fille d'Aaron ? C'est comme cela que la liturgie copte ou plusieurs mystiques, comme Maria Valtorta, voient la Mère de Dieu : « héritière de Joachim de David et d'Anne d'Aaron » (L'Evangile tel qu'il m'a été révélé tome 1 n°20). En ce cas, Jésus lui-même serait d'ascendance royale et sacerdotale par sa mère. Il unirait en sa personne les deux lignes de l'attente messianique : royale et sacerdotale. Il est bien Roi et Prêtre tout à la fois. Cette double ascendance rejoint une tradition juive, représentée par les esséniens notamment, qui attendait autrefois non pas un mais bien deux messies : le Messie royal devait venir d'abord comme un descendant de David et un chef de guerre eschatologique assurant la paix pour Israël en terrassant les ennemis de Dieu ; puis ce Messie Royal s'effacerait une fois sa mission de pacification accomplie, laissant la place au Messie sacerdotal, fils d'Aaron revêtu ultimement de la primauté. Certains écrits juifs pour fondre ces deux lignées messianiques affirment que l'unique Messie sera à la fois Roi et Prêtre, à la fois de la tribu de Juda et de celle de Lévi. Ce qui serait « charnellement » le cas de Jésus si l'on considère l'hypothèse de la double ascendance davidique et lévitique pour Marie. Dans ce cas, pourquoi ne pas le dire ? Mais le silence des deux évangélistes au sujet de l'ascendance de la Vierge a peut-être une signification plus spirituelle. Saint Luc, qui se plait toujours à souligner l'enracinement judaïque des personnages (Elisabeth fille d'Aaron, Joseph, fils de David, Anne fille de Phanuel de la tribu d'Aser?) ne nous dit volontairement rien au sujet de la Vierge. Ne veut-il pas ainsi sous-entendre que Marie n'est d'aucune tribu en particulier parce qu'elle est au-delà de toutes, la Mère de tous les vivants ? Il serait bien normal que la Mère de tous ne soit ni de la maison de David, ni de la maison de Lévi, parce qu'elle est tout simplement « de la maison de Dieu » (cf. Eph 2,19) : elle ne doit pas recevoir de bénédiction particulière comme chacune des 12 tribus (cf. Genèse 49), parce qu'elle est « bénie entre toutes les femmes » et parce qu'en son "fiat", elle représente non une tribu, mais l'humanité toute entière.