"1939". Nos troupes (allemandes) occupent une petite ville non loin de Varsovie. Exténués après une marche forcée, nous nous installons dans une maison bourgeoise. Nous ne demandons qu'à dormir malgré sifflements de balles et explosions de bombes. Cependant celles-ci deviennent de plus en plus fréquentes et violentes... Tout à coup, un craquement épouvantable, le plafond s'effondre, ... une explosion... des éclats d'obus... un nuage de poussière... Coincé entre une poutre et des chaises cassées, à côté de camarades tués, je réussis à me dégager et à reprendre souffle... Toute la maison n'est plus que décombres. Seul, un pan de mur est resté debout auquel est fixée, intacte, une icône, l'image de la Mère de Dieu si vénérée par les catholiques. Elle tient un rosaire dans la main et me regarde avec tendresse... Moi-même, je suis protestant, élevé sans beaucoup de religion... Durant la campagne, j'ai remarqué que la plupart de mes camarades catholiques possédaient une image de la Vierge Marie ou un chapelet qu'ils égrenaient avec confiance aux moments difficiles. J'étais en train de considérer l'image lorsqu'une seconde bombe s'annonçait. Instinctivement je me précipite vers le coin du pan de mur, je décroche l'icône et la presse sur mon coeur. La bombe explose avec fracas et ses éclats tuent trois de mes camarades.