Il n'est rien de plus fort ni de plus pressant que l'amour que la nature donne pour un fils, et que celui que la grâce donne pour un Dieu. Ces deux amours sont deux abîmes, dont l'on ne peut pénétrer le fond, ni comprendre toute l'étendue. Mais ici nous pouvons dire avec le Psalmiste : Abyssus abyssum invocat : « Un abîme appelle un autre abîme, » puisque pour former l'amour de la sainte Vierge, il a fallu y mêler ensemble tout ce que la nature a de plus tendre, et la grâce de plus efficace. La nature a dû s'y trouver, parce que cet amour embrassait un fils ; la grâce a dû y agir, parce que cet amour regardait un Dieu : Abyssus. Mais ce qui passe l'imagination , c'est que la nature et la grâce ordinaire n'y suffisent pas , parce qu'il n'appartient pas à la nature de trouver un fils dans un Dieu, et que la grâce, du moins ordinaire, ne peut faire aimer un Dieu dans un Fils. Il faut donc nécessairement s'élever plus haut.