La Sainte Vierge prononçait toutes ces paroles, soit des secrets, soit des règles, seulement j’aurai pu deviner ou pénétrer le reste de ce qu’elle disait en paroles : un grand voile était levé, les événements se découvraient à mes yeux et à mon imagination au fur et à mesure qu’elle prononçait toutes ces paroles et un grand espace se déroulait devant moi ; je voyais les événements, les changements d’opération de la terre, et Dieu immuable dans sa gloire regardait la Vierge qui s’abaissait à parler à deux pâtres (...) Il y a des personnes qui voudraient que la Vierge n’eût pas tant parlé. C’est dommage qu’elles soient avares envers une pauvre bergère qui désirait de tout son coeur que le monde entier eût vu et entendu tout ce qu’elle a vu et entendu pendant une demi-heure, parce que tout le monde se serait converti ... Et ces personnes qui disent que la Sainte Vierge ne parle pas autant, auraient bien compris et mieux compris que ce qu’enseignent les livres, s’il y en a qui l’enseignent, que les paroles du Ciel ne sont pas seulement des paroles : c’est-à-dire que la personne qui l’écoute ne s’arrête pas à la lettre, à la parole ; mais chaque parole se développe, et l’action future a lieu dans le moment, et l’on voit mille et mille fois plus de choses que ce que les oreilles entendent. On s’élève à une hauteur qui n’est pas le Ciel, et peut-être même on ne change pas de place ; mais on voit et l’on entend tout, on comprend sans rien dire, et l’on s'oublie soi-même entièrement. Et, sans le vouloir, on entre dans l’esprit des tableaux qui sont exposés : c’est-à-dire que si c’est un tableau triste, on est triste, si c’est joyeux, on est joyeux, on en ressent de la joie. On voit des complots qui se font ; on voit des rois de la terre, lesquels ont chacun plusieurs anges gardiens : on les voit s’agiter, faire, défaire ; on voit la jalousie des uns, l’ambition des autres, etc. etc. : et tout cela dans une seule parole qui s’échappe des lèvres de Celle qui fait trembler l’enfer, la Vierge Marie.